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Bernard & Fernand Broustey, L’art du gemmage en héritage

Bernard & Fernand BROUSTEY
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Résiniers dès l’âge de 14 ans, Bernard et Fernand Broustey ont appris le travail de la gemme avec leur père.

Incollables sur les techniques d’antan, les deux frères gardent la nostalgie d’une vie libre, en harmonie avec l’arbre d’or. « La première fois que je suis parti faire la gemme, c’était le 8 mai 1945 : ça ne s’invente pas ! », s’amuse Fernand Broustey. Âgé de 87 ans, l’ancien résinier n’a rien oublié de son adolescence passée, avec son frère Bernard, à entailler les pins au hapchot pour en faire couler la précieuse résine. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, les deux garçons viennent d’obtenir leur certificat d’études.

Leur scolarité s’arrête là. Ils sont fils de gemmeurs et gemmeurs ils seront. Leur avenir est scellé au sillon de l’arbre d’or.
« Les campagnes de gemmage commençaient en février. Chaque matin, qu’il pleuve ou qu’il vente, on enfourchait nos vélos pour rejoindre la forêt sur les chemins de sable. L’hiver, on préparait les arbres. Il fallait les écorcer par le bas et remonter cette entaille de 2 cm chaque semaine », se souvient Bernard.

Dans la cabane au fond des bois

Fernand et Bernard ont gardé en mémoire la morsure du froid au bout des doigts, mais aussi le goût des gamelles de ventrèche réchauffées sur la cheminée
de la cabane de résiniers et l’odeur des genêts fleuris au printemps. Rémunérés au litre de résine récoltée, ils ont vécu longtemps sans salaire. « La paye ne tombait qu’au moment des premières récoltes, en mai, parfois en juin. Elle allait au pot commun : nos parents étaient métayers, c’est eux qui géraient l’argent », racontent-ils.

Pour autant, cette vie de labeur n’a jamais altéré leur bonne humeur. « On s’amusait à piéger les lapins avec des collets. Et quand le soleil tapait trop fort, il suffisait d’escalader la dune pour aller se baigner. La nuit, on s’endormait avec le chant des rossignols et des engoulevents. Et on se réveillait avec les aboiements des renards qui coursaient les lapins », évoque Bernard.

Un destin Landais

La destinée de Bernard et de Fernand Broustey a suivi l’évolution de la société landaise. À la fin des années cinquante, le métier de gemmeur amorce un déclin irrémédiable. L’industrie papetière gourmande en bois, se développe. En 1956, Bernard et Fernand quittent la forêt pour travailler à la papeterie de Gascogne. Leur père Maurice a continué à résiner jusque dans les années 70.
Bernard Broustey a conservé tous ses hapchots : ils sont désormais rangés sur l’étagère de sa jeunesse. Toutefois, depuis quelques années, de nouvelles techniques de gemmage sont expérimentées sur le massif forestier landais. Elles pourraient ainsi constituer une alternative à l’importation de gemme asiatique et américaine...